luxbee a écrit :Cette discussion de l'abeille locale versus abeille importée, comme la discussion "non traitement" versus "oui traitement", semble sans fin sur ce forum. Ce sont évidemment des questions très intéressantes que tout apiculteur qui se respecte se pose.
Bonjour,
Oui, en effet, ce sont deux sujets intéressants et sensibles aussi ! Mais ce sont des sujets qui méritent d'être débattus. C'est en partie grâce aux échanges et aux débats, mais aussi par diverses sources d'informations (conférences, lectures, études, etc.) sur le sujet que mon point de vue à évolué, et il évoluera sans doute encore dans l'avenir...
Pour le type d'abeille, je suis de plus en plus intimement convaincu qu'il faille privilégier l'abeille noire. En quelques années, c'est un tsunami de gènes exotiques qui a déferlé sur notre abeille locale, l'abeille de nos parents, de nos grands parents... Et ce phénomène continue.
Pour le varroa et ses traitements, il y a le cours terme et il y a le long terme. Et là les objectifs divergent ! Chacun se fera son avis, ses expériences aussi... Pour ma part, la solution n'est pas dans le clivage pour ou contre. Il y a sans doute une sorte de transition à opérer sur la durée pour tendre vers la fin des traitements, mais rien n'est simple.
Là encore, nous avons tout intérêt je pense à conserver un maximum de diversité génétique parmi nos colonies locales. Là encore, les amateurs ont un rôle de premier plan à jouer. Car si nous ne gardons dans nos ruchers, que des colonies prolifiques, douces, qui tiennent le cadre, qui produisent beaucoup, et que nous écartons à chaque fois les colonies un peu moins conviviales, un peu moins productives, un peu moins précoces, etc., alors nous écartons peut-être aussi des gènes millénaires qui auraient eu un avantage contre varroa ou d'autres maladies présentes et à venir...
Combien faut-il de décennies, de siècles, de millénaires pour obtenir les mutations génétiques qui font une mellifera ? une carnica ? une ligustica ? Etc. Toutes ces sous-espèces d'abeilles si bien adaptées à leurs régions d'origines. Et de même pour créer les écotypes parmi ces sous-espèces ? Abeilles noires des Landes, de Bretagne, des Cévennes, etc.
C'est un patrimoine exceptionnel, et un patrimoine en danger !
Donc oui, il y a là un sujet ! Il n'est pas simple, il dérange, il énerve parfois, mais il existe et il mérite d'être soulevé.
luxbee a écrit :Il faudrait définir d'abord ce qu'est l'abeille locale et existe-t-elle encore ?
Oui l'abeille locale existe encore. Par contre, j'ai remarqué que le fait de la déclarer comme n'étant plus qu'une "légende urbaine", qu'elle n'existe plus à l'état "pur", qu'elle est définitivement "hybridée", "bâtardisée", "agressive", etc. constitue des arguments pour le moins faciles pour ceux qui tiennent à se dédouaner de participer à sa mise en danger de disparition !
luxbee a écrit :je me souviens de discussions d'ed.chimar sur l'abeille noire et les méthodes de détermination du degré d'hybridation. C'est assez complexe.
Oui, il faut faire des mesures biométriques. C'est un peu technique, mais pas insurmontable ; je le pratique et c'est super intéressant !
luxbee a écrit :Est-ce que l'abeille locale luxembourgeoise est la même que l'abeille locale côte d'azur ou cote d'Armor ? Ensuite comment éviter l'hybridation ? enfin y a-t-il des fournisseurs ?
L'abeille locale luxembourgeoise est une abeille noire, d'un écotype différent des autres. Elle est adaptée à son environnement, climat, flore, etc.
Pour éviter l'hybridation, il faudrait peut-être une règlementation ? Un statut de l'abeille noire ?
Puis se former, être des apiculteurs / sélectionneurs / éleveurs, et ne pas juste compter sur quelques éleveurs / multiplicateurs de colonies pour peupler les ruches et renouveler nos colonies. Se fournir localement. Que chacun fasse sa part... prendre conscience de l’enjeu... De la motivation !
luxbee a écrit :la sélection des colonies se fait effectivement sur la production de miel mais c'est loin d'être le seul critère. Il y a bien sur aussi la douceur qui est importante. Depuis peu certains apiculteurs et vendeurs de reines travaillent aussi apparemment sur le caractère VSH. La diversité génétique et l'apport génétique dans un élevage de reines est bien sur pris en compte par les bons professionnels, qui veillent à apporter du sang frais pour éviter tout simplement la consanguinité et la trop grande fragilité qui en résulte de leurs reines !
Oui, c'est vrai. Mais qui garde la colonie qui ne donne pas ou très peu de miel, mais qui en revanche passe l'hiver et les moments difficiles sans une goutte de sirop ? Qui garde la colonie qui est un peu plus "défensive" que les autres ? Qui choisit de garder la colonie qui essaime plus que les autres ?
Et puis au bout du bout, une reine F0 de sélectionneur internationalement connu, aura donné combien de colonies filles F1, F2 , F3 ? 100 ? 1000 ? 10000 ? Cela conduit à un appauvrissement génétique dont nous ne mesurons pas encore bien les conséquences il me semble !
Tout ça n'est pas simple et les intérêts des uns et des autres ne sont pas toujours convergents ! Les professionnels ont beaucoup de mérite et pour beaucoup (comme dans l'agriculture), ont conscience des problèmes et agissent, avec leurs moyens, pour faire au mieux. Seulement, ils doivent avant tout vivre de leur travail. Les amateurs, j'en suis de plus en plus convaincu, on un rôle a jouer. Et le grand public, est de plus en plus sensible à la manière dont les produits qu'il consomme sont faits. On me pose des questions et je ne suis pas le seul à qui l'on pose des questions j'en suis sûr !