Source :
http://www.apitrack.com:80/frame/index. ... guage_id=1 Demande de dérogation pour le Fumidil B, pour sauver le cheptel apicole jurassien
29 janvier 2009
Suite aux pertes catastrophiques déplorées dans le cheptel apicole du Jura à la sortie de l’hiver 2008, Raymond Borneck, président du syndicat apicole et du groupement de défense sanitaire apicole du Jura, a adressé un courrier à la direction départementale des services vétérinaires.
Co-signée par Frédéric Pozet, le vétérinaire responsable du plan sanitaire d’élevage, cette lettre évoque les pertes d’abeilles de l’hiver 2008 et demande une dérogation permettant l’utilisation de Fumidil B dans la lutte contre Nosema ceranae.
«Nous vous adressons les résultats d’un questionnaire réalisé en juin auprès des 205 adhérents de notre groupement de défense sanitaire apicole qui nous semble donner de meilleurs renseignements sur l’importance des pertes subies par les apiculteurs dans notre département que ceux qui ont pu être publiés par ailleurs.
Il est évident que ces pertes ont des raisons multiples et qu’elles ne peuvent être attribuées à un seul facteur comme le développement anormal de l’ectoparasite Varroa jacobsoni contre lequel nous nous sommes efforcés à travers le fonctionnement du PSE d’amener les apiculteurs à employer les molécules les plus efficaces jouissant d’une autorisation de mise en marché (AMM).
En 2007, lorsque des pertes déjà importantes avaient été enregistrées, 67 membres du GDSA avaient suivi les conseils dispensés par notre vétérinaire, mais en 2008, 124 d’entre eux se sont ralliés à ceux-ci.
La vente des médicaments a facilité les contacts et les discussions directes avec les membres.
Par ailleurs, en ma qualité de président, j’ai rendu visite à une trentaine d’entre eux pour constater l’aspect des mortalités : ruches pleines de miel et de pollen et seulement quelques abeilles mortes à l’intérieur des ruches avec des difficultés pour recueillir des échantillons suffisants pour analyses. Ce constat rejoint ce que nos collègues américains ont appelé Colony Collapse Disorder (CDD). La situation est identique dans plusieurs pays du monde. On peut constater sur le document que, même en cas de traitement correct de la varroatose, les pertes peuvent être très importantes…
Nosema ceranae en examen
D’autre part, en 2007, déjà, les pertes s’étaient situées dans des zones du Jura où l’on employait peu ou pas de produits phytosanitaires dans l’agriculture ce qui rend peu probable la mise en cause des agents comme les célébres « Regent » ou « Gaucho ».
Nous avions œuvré pour l’équipement en PCR du Laboratoire départemental d’analyses. Grâce à celui-ci nous avons pu confirmer dans le Jura, les premières analyses faites par le laboratoire espagnol de Marchamalo sur la présence de Nosema ceranae dont on sait aujourd’hui l’incroyable pathogènicité sur abeilles.
Malheureusement, les analyses ont un coût très élevé et sans une subvention quelconque nous n’avons pu en réaliser qu’un nombre trop restreint. Nous pensions pouvoir obtenir du laboratoire de l’AFSSA qui nous les avait promis, gratuitement, des analyses de virus sur les mêmes échantillons. Mais il est revenu sur cet offre et nous conservons toujours nos échantillons. Il serait bien que le LDA puisse également les réaliser lui-même.
Nous pensons donc que Nosema ceranae est un agent pathogène majeur, responsable de ces mortalités de ruches.
Laisser périr les abeilles ?
La seule matière active efficace dans la lutte contre les nosémoses est l’antibiotique « Fumidil B » à base de fumagilline, interdit par absence d’AMM dans l’Union européenne.
L’UE autorise cependant les États à présenter une demande de dérogation comme l’ont fait l’Espagne et l’Angleterre.
L’absence d’une décision de l’État français ne résiste guère à l’analyse, d’autant moins que nous avons utilisé ce produit sur une grande échelle, il y a plus de 30 ans, pour lutter contre Nosema apis, avec un total succès. Devons nous laisser périr les abeilles sans chercher des solutions à leur disparition ?
Si nous devons en effet conserver les abeilles et d’autres insectes pollinisateurs pour le plus grand intérêt de nombreuses productions végétales, nous économiserons dans le monde 153 billions d’euros, soit 9,5 % de la valeur des productions agricoles utilisées pour alimenter l’humanité. Les abeilles ne revendiquent que 80% de cette contribution.
L’État suisse, attribue 5000 francs suisses à toute personne qui s’engage à soigner 5 ruches d’abeilles sur une période de 5 ans, avec un supplément de 1000 francs chaque deux ans pour augmentation de cheptel.
Nous n’en sommes pas là, mais nous souhaitons que le service vétérinaire qui reste celui de notre rattachement dans le cadre de la Santé animale nous aide au maximum.
Invité le 14 Mai à une séance de l’AFSSA, j’ai formulé le vœu que les déclarations de ruches redeviennent annuelles et obligatoires auprès de vos services. Les dispositions actuelles débouchent sur une méconnaissance parfaite de l’importance du cheptel. La structure de l’apiculture, il est vrai, et l’état d’esprit des apiculteurs ne facilitent guère les choses.
Nous serions également heureux de voir s’animer le groupe des agents sanitaires apicoles, de prévoir quelques actions sur le terrain et la tenue de réunions du type de celle qui s’est déroulée après la mise en route du PSE sur le site du laboratoire de Poligny, en janvier 2007.