Moi, ce qui m'intéresse, c'est d'obtenir des abeilles qui soient adaptées à leur milieu. Alors qu'elles s'appelle buck, noire ou carnica, en fait, comme l'a montré chacun à sa manière, en très peu de temps, on ne sait plus très bien ce qu'on a sauf à réintroduire systématiquement des reines fécondées en station.
Je trouve bien plus intéressant, plutôt que d'ergoter sur le terme de race, d'élever en sélectionnant selon des critères bien définis (qui peuvent évidemment varier d'une personne à l'autre) qui conviennent à l'abeille plutôt qu'à l'apiculteur. Comme on cherche tout de même à exploiter la situation, on éliminera par contre ce qui pose trop de problèmes pour que l'aventure abeilles/humains puisse se poursuivre.
Je crois que ces questions vont bien plus loin qu'on peut l'imaginer car elles mettent en place une réflexion sur notre façon de percevoir la race, avec tous les dangers que cela comporte.
Dans le domaine de l'élevage équestre par exemple, cela a conduit petit à petit à un appauvrissement génétique et finalement, les bêtes d'exception qui sortent d'une sélection sur la base du nom (pedigree - appartenant à la race tel un tel - la robe (!) admise dans la race) sont assez rares et l'on produit des chevaux dans la moyenne, mais de moins en moins résistants aux agressions de tout type.
Souvent par contre, les individus particuliers (i.e. sortant de la norme) proviennent plutôt de croisements dus à des sélections sur les capacités ou les compétences (il court vite, il saute haut, il a un moral d'enfer, etc...). Seulement, c'est beaucoup plus aléatoire et le succès n'est pas toujours au RV.
Dieu merci, les facteurs génétiques ne nous sont encore pas complètement accessibles et la Nature s'accommode très bien de toutes les situations pour autant qu'on lui en laisse le temps. Donc faisons-lui confiance sans trop exiger (....70 litres de lait pour un vache Formule1 chez nous, mais avec visite véto chaque semaine pour tous les réglages fins et espérance de vie de quelques années, où peut-on bien aller en empruntant cette voie ????) et sélectionnons en réfléchissant à la survie et aux renforcements de l'espèce plutôt qu'à la forte production: en tant qu'amateurs, nous pouvons certainement y contribuer plus facilement parce que nous ne devons pas en vivre.
J'aime beaucoup l'idée qu'il y a dans chaque individu quelque chose de bon à faire fructifier. Mais évidemment, c'est une question qui devient philosophique et je sais partager cette position avec de moins en moins de monde !
Un très bon exemple se trouve sur ce post:
viewtopic.php?f=2&t=5191On veut de la noire, écotype cévenol et donc, plutôt que d'identifier précisément les avantages de cette abeille sous forme de listing de capacités, on se repose sur le NOM "noire" et tant pis pour l'"écotype cévenol". On ira donc chercher en Espagne ! En fait, on fait tous comme cela, parce que c'est plus simple !
Moi, je trouve que ce serait bien plus intéressant de ne pas trop importer, se fournir dans les ruchers les plus locaux et les plus anciens et envisager de la sélection en Cévennes, sur la base des conditions naturelles de cette région.
En tout cas, c'est comme cela que je compte personnellement avancer...
"Entre ce que l'homme imagine et ce qu'il réalise, il est un espace qui ne peut être franchi que par l'étendue de son désir". Gibran
"La vertu consiste en ce que l'esprit de l'homme n'est pas occupé par le monde". Saint Isaac le Syrien