Jeffapi, tu as apparemment une vision très égo-centrée des abeilles : si elles ne te produisent pas de miel, tu les juge faibles. Or elles peuvent exister dans la biosphère sans que leur fonction première soit ta fourniture en miel.
Comme déjà dit, les abeilles existent depuis plusieurs millions d'années et leur existence même prouve qu'elles tolèrent très bien tous types de production de miel pour leur besoin :
- en excès
- en suffisance
- en déficit.
J'ai même eu une petite ruche qui a végété pendant 1 an sur un corps, sans faire de miel comme tu dis, et qui m'a donné, sans que je ne fasse quoi que se soit, ma ruche la plus productive l'année suivante.
On peut se contenter de remettre l'abeille au cœur d'un système naturel autostable qui se gère lui-même (cf de permaculture) comme il l'a fait jusque-là en prélevant uniquement l'excès de miel, cela fonctionne très bien et sans pollution ni frais inutiles. Cela n'empêche pas d'utiliser son intelligence pour mettre les abeilles dans les conditions les plus favorables afin d'en tirer un bénéfice accru
.
Mais on peut aussi considérer l'abeille comme une simple variable de système économique (la production de miel, la vente de matériel d'apiculture, la vente de produits vétérinaires, etc.) et chercher à augmenter la production des ruches, ou la consommation des ruches. On devrait alors toujours mesurer le bénéfice réel ainsi que l'impact des manipulations et autres usages d’intrants dans l'environnement.
Or l'on sait, en ce qui concerne les aliments, que l'augmentation de quantité produite s'accompagne presque toujours de baisse de qualité nutritive (pas de qualité esthétique). On ne parle bien évidemment jamais de cela dans les médias.
Exemples :- La teneur en matières nutritive des oranges (vitamines, sels minéraux, fibres etc) produites actuellement est
huit fois inférieure à celle des oranges cultivées avant l'avènement des techniques modernes de production.
Chez la pêche, s'est une
baisse de vingt fois !
Idem dans une moindre mesure avec presque tous les fruits, légumes et céréales produits par l’agriculture moderne. Des études comparatives ont été faites par l'INRA sur ce sujet avant et après 1990. Évidemment les résultats ne sont pas publiés mais on arrive à les trouver si on cherche. Taper "baisse qualitative des aliments entre 1940 et 2002" sur internet.
- La qualité du lait était telle que l'on faisait d'excellentes colles à bois pour l'aviation jusqu'à la fin de la dernière guerre mondiale. De nombreux avions et planeurs volent encore aujourd'hui avec leurs ailes et fuselages assemblés avec de la colle à la caséine fabriquée à cette époque. Or depuis que l'on a augmenté la quantité de lait produit par vache,
la qualité du lait s'est tellement dégradée que la colle à base de lait à été interdite en aviation. J'en sais quelque chose puisque j'ai construit moi-même plusieurs avions monoplaces et biplace (Jodel notamment) en bois chez moi.
- Jusqu'en 1950 les sols avaient 4% de matière organique en France, alors qu'actuellement nous n'avons plus que 1,5%. D'où les importants phénomènes de lessivages des sols et formations de nuages de poussières.
- etc.
Il est à regretter que l'on soit dans une société du profit immédiat et de l'accumulation, de l'obésité, qui favorise toujours la quantité au détriment de la qualité.
Je pense personnellement que 3 erreurs sont commises en apiculture industrielle :
- la sélection (toujours au profit de l'homme bien sûr, et non au profit de la nature, ou de l'abeille)
- le nourrissage, encore pire s'il est fait avec du sucre
- l'élimination des faibles car
ce qui est faible de notre point de vue est peut-être fort dans d'autres domaines (l'économie de moyen, l’adaptation à un stress ou aux conditions climatiques, etc).